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grève des avocats : Mediapart

Le 26 octobre 2015

Florian Borg, syndicat des avocats de
France: « J’ai été poussé dehors et je suis
tombé à terre »
PAR MATHIEU MAGNAUDEIX
ARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 20 OCTOBRE 2015
Les avocats qui protestaient le 20 octobre à Lille contre
la réforme de l’aide juridictionnelle ont été évacués
de force par la police. « On n’attend plus rien de ce
gouvernement », commente le président du SAF.
Le président du Syndicat des avocats de France
Florian Borg, en pointe contre la réforme de l’aide
juridictionnelle de la garde des Sceaux Christiane
Taubira, était au Palais de justice de Lille ce mardi.
Comme plusieurs confrères, il a été sorti de force par
la police (lire ici). Il s’est retrouvé à terre, tandis que
le bâtonnier de Lille Vincent Potié a, lui, été ceinturé,
voyant sa robe d’avocat déchirée.
Dans un entretien à Mediapart, Borg dénonce «la
surdité absolue et la volonté de passer en force du
gouvernement». La réforme de l’aide juridictionnelle
a été adoptée jeudi à l’Assemblée nationale dans le
cadre du budget 2016. Après les événements de Lille,
la ministre de la justice recevra des représentants des
avocats ce mercredi 21 octobre. Le Conseil national
des barreaux brandit la menace d'une grève générale et
illimitée des avocats ce vendredi.
Que s’est-il passé ?
Nous bloquions ce matin [mardi 20 octobre] le Palais
de justice dans le cadre de la journée « Justice morte
»[contre la réforme de l’aide juridictionnelle – ndlr].
Les juges et les greffiers pouvaient rentrer. Le
procureur a voulu absolument déférer des personnes de
garde à vue, donc il a envoyé trois cars de police pour
dégager l’accès au tribunal. Les policiers ont sorti les
avocats de devant la porte. Le bâtonnier Vincent Potié,
sorti le premier, a été ceinturé par deux policiers, et sa
robe a été déchirée. D’autres confrères ont été traînés à
terre. Moi j’étais dans un groupe d’avocats qui a voulu
accompagner pour les défendre les personnes déférées
de garde à vue vers les salles d’audience.
Les policiers se sont interposés, ils nous ont sortis
du tribunal. Avec d’autres confrères, j’ai été poussé
dehors et je suis tombé à terre, et ma robe a été déchirée
aussi. Je ne sais pas si de tels événements ont déjà
eu lieu dans l’histoire de la justice. Un syndicaliste
de gauche sorti par un gouvernement de gauche d’un
Palais de justice, et un bâtonnier ceinturé, le symbole
est fort ! Même des avocats qui voulaient plaider pour
défendre des personnes déférées par le procureur ont
été sorties du Palais de justice par la police. C’est
affolant et désastreux.
Comment en est-on arrivé là, à une telle tension
sur la réforme de l’aide juridictionnelle, que tout le
monde souhaitait au départ ?
Le gouvernement doit assumer une augmentation des
missions, mais comme il n’a pas les moyens de
l’assumer, il réduit la rémunération des avocats. La
garde des Sceaux n’a pas les moyens de sa politique,
elle cherche aujourd’hui à dire qu’elle fait une réforme
de l’aide juridictionnelle, mais concrètement, elle
baisse la rétribution des avocats sur les dossiers qui
concernent la justice du quotidien. Le gouvernement
ne se donne pas les moyens d’une politique sociale.
Attendez-vous des excuses ? Le 5 octobre, quand
deux dirigeants d’Air France ont été agressés en
marge d’un comité d’entreprise, Manuel Valls a
parlé de « voyous »…
C’est plus grave que ça : on n'attend plus rien de
ce gouvernement. C’est dire l’état de colère et de
désespérance de la profession. On lui demande juste
de ne pas détruire ce qui existe déjà, et de retirer les
projets qui mettent en péril la justice du quotidien. On
n’a pas besoin d’excuses. On n'espère plus rien, sauf
qu’il arrête de casser.
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Directeur de la publication : Edwy Plenel
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